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Les Potes à Tatave
Les Potes à Tatave
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12 mai 2009

Champagne!!

LA PROCHAINE FOIS SERA LA BONNE
 

 

 

Tatave relut une nouvelle fois le message posté sur facebook.

Une de ses ex lui proposait de devenir son amie.

Cette proposition le laissait rêveur.

Autant qu’il se souvienne, l’histoire s’était plutôt mal terminée, il avait du oublier son chagrin dans l’alcool et à cause de ça, il avait été triquard un certain temps auprès de ses collègues de travail et de ses potes de virées.

 

Maintenant, il en rigolait.

Depuis qu’il avait repris le sport, il allait nettement mieux et il était redevenu le Tatave que tout le monde appréciait, que l’on trouvait drôle et qu’on n’oubliait jamais d’inviter quand il y avait une petite fête.

Avec Tatave, l’ambiance était assurée, avait-on coutume d’entendre.

Et puis, les langues s’étaient déliées.

Les potes lui avaient avoué être soulagés que cette histoire soit terminée.

Durant plusieurs mois, il avait été invisible, ne sortait plus, ne venait plus jouer au quatre-vingt et un avec les potes, et professait un discours sérieux où il était question de décoration d’intérieur, de courses chez Ikea et de projets d’achats immobiliers.

Il s’était même mis au Perrier et avait cessé de fumer.

Les gens avaient fini par se faire une raison, non sans amertume, mais ils se disaient qu’après tout, il était peut-être heureux comme ça

Ceux qui avaient insisté pour l’inviter, avaient du se résoudre à le voir débarquer collé à sa gonzesse, en pantalon de jogging et pull Lacoste.

Ils se souviennent encore de son sourire idiot quand il parlait yeux dans les yeux avec sa dulcinée qu’il affublait de termes tels que « calinette », « poussin » ou « canard ».

A trop faire le père Dodu, il avait perdu le fil, le Tatave, et il n’avait pas remarqué que sa brune était de plus en plus « open » avec les mâles qui l’entouraient.

Tatave refusait systématiquement les invitations au profit des soirées télé, lové contre sa chérie, mais elle, on sentait bien que depuis quelque temps, elle avait envie d’autre chose.

Mais il était autiste, le Tatave.

Pourquoi aurait-elle besoin de sortir et voir du monde, alors qu’elle l’avait, lui.

Vous savez comment sont les femmes, elles ne quémandent jamais.

Elles incitent, elles suggèrent, et si ça ne suffit pas, elles vous font un dessin.

Et au stade où en était Tatave, il fallait faire un grand dessin.

On ne vous rappellera jamais assez comment les femmes peuvent être scélérates quand elles veulent obtenir quelque chose et à quel point elles savent manier le cynisme et la cruauté.

L’élue de son cœur décida de frapper le jour de son anniversaire.

Ce jour là, elle serait la reine de la fête et Tatave ne pourrait rien lui refuser.

Elle lui fit part de son intention d’inviter des amis à elle, et Tatave ne put rien trouver à y redire.

Depuis qu’il ne voyait plus ses potes, il considérait qu’il devait forcément apprécier les amis de sa moitié.

Il en avait déjà rencontré quelques uns qu’il avait trouvés obséquieux quand ils parlaient de leurs boulots de profs de fac ou de journalistes, mais il avait apprécié un de ses vieux potes d’enfance, homosexuel.

Il n’avait pas flairé le danger et n’avait pas senti le vent tourner.

Le jour dit, la belle invita tous ses ex.

Tatave ne comprit pas la situation tout de suite, mais d’évocations de vacances sur une ile grecque en souvenirs de nuits passées sous la tente, il sentit une certaine promiscuité s’installer dans le salon.

Ses craintes se confirmèrent au fur et à mesure que la femme de sa vie descendait les coupes de champagne, riait à gorge déployée, acceptant sans pudeur les petits bisous dans le cou de l’un et les mains baladeuses de l’autre.

De temps en temps, elle lui rappelait qu’il existait en se retournant vers lui et en lui tendant son verre vide.

- Tatave, tu peux aller me rechercher un verre !

Quand il revenait avec la coupe remplie de bulles, il l’a retrouvait en train de danser un slow langoureux, pendue au cou d’un bellâtre du genre Antonio Banderas, en mimant l’évanouissement pour que ce dernier la retienne par le bas du dos.

Longtemps, Tatave sut conserver son calme et se montrer magnanime.

Mais il perdit complètement les pédales quand sa Lolita fit le tour de l’assistance mâle et se mit à distribuer à chacun une olive de la bouche à la bouche.

Il du aller prendre l’air au balcon pour ne pas défaillir.

Mal lui en prit.

Quand il revint, ce fut pour trouver deux corps enlacés sur la moquette en train de se rouler des gamelles.

D’un coté, il y avait ce mec rasé au look de légionnaire, de l’autre, sa bougresse.

Il éclata littéralement de rage.

- Dehors, tout le monde !

Quand il voulut s’approcher de celle qu’il pensait encore épouser au début de la soirée, il se prit une volée de coups ponctuée d’une sentence.

- C’est fini, je ne t’aime plus ! Je me casse !

 

Ce souvenir l’a hanté longtemps.

Tatave l’a maudite, il lui en a longtemps voulu et puis avec le temps, il l’a oubliée.

Il l’a croisée, de loin, une fois ou deux, et puis de temps en temps, il a eu des nouvelles.

Il a appris qu’elle avait quelques aventures mais rien de sérieux.

Normal !

Lui, il a d’abord fait abstinence, puis il s’est remis petit à petit sur le marché.

Maintenant, il est « free » et entend bien le faire savoir.

 

Tatave sortit de sa torpeur et continua à lire le message sur Internet.

« Je vais bientôt me marier et je voudrais que tu viennes à la petite soirée que j’organise pour présenter tous mes amis à mon fiancé. Tu connais la plupart. Pense à amener une bouteille de Champagne… »

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